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mardi 22 février 2011

Un super singe...


« Totalement imprévisible… ». C’est de cette manière dont Mad Professor nous parlait de son mentor, Lee Scratch Perry depuis l’incendie volontaire de son studio et son évasion musicale dans les montagnes suisses… Ils s’étaient rencontrés pour de nombreux projets, dont le premier Mystical Warrior aura été sans doute le plus constructif de tous. De ses expériences américaines baclées à la panique récente de ses White belly Rats, Lee Perry a frappé à la porte de nombreux briscards du métier, qui ont gardé avec lui des liens solides, difficile quand on en face de soi the Upsetter en personne : Adrian Sherwood a d’ailleurs retrouvé un jour chez lui sa télé enterrée dans le jardin, mais sans rancœur a continué de le produire, avec encore cette année "The mighty Upsetter", un album qui rappelle la pureté des lignes sonores de "Time boom X de Devil Dead"…

Compassion, soutien sans failles, ou respect aveugle, on a surtout dit que le génie était un savant fou et embobineur, et que ces frasques allaient de plus en plus de pair avec le nombre de verres d’alcool fort qui accompagnait sa consommation effrenée de ganja. Lee Perry s’était fait lui aussi spolié dans le passé, ce qui explique d’ailleurs la destruction de son studio avant son départ, par « sécurité » et pour ne rien laisser derrière lui. Sa folie était sans doute le voile qui lui permettait qu’on lui foute la paix, et le bouclier pour dégager tous les escros du métier ! Ce qui n'a pas empéché depuis de nombreux labels de sortir des albums de Scratch sans son autorisation, jusqu'au dernier en date (de 2010) "Mad Alien Dub" : On y retrouve des improvisations très surfaites, à coté d'anciens morceaux du Black Ark (non crédités) et de quelques petites merveilles (un magnifique "World Peace" ou "Jah Power" sur un riddim Revolution que 'on dirait issu du catalogue Ariwa...). L’ingénieur s’est retrouvé producteur puis aujourd’hui chanteur, quelque peu esseulé hors du vivier vocaliste des talents du ghetto jamaïcain. Il est devenu l’ombre de lui-même selon les spécialistes, mais reste une icône déjantée et vénérée pour tous ses nouveaux fans. Tellement habitué à des gigs ratés, des interventions anectotiques, et des longs disours en patois chevrotant qui n’atteignent pas les oreilles européennes, on avait tout de même un peu tiré vite un trait sur cette lignée royale du Dub, et enterré un des derniers témoins et principal instigateur de l’ascension du Prophète Marley et du mouvement Reggae en général…
L’actualité de ce vieillard de 74 ans est d’avoir fait rosir sa barbe, jammé avec George Clinton et Keith Richards sur un album, réalisé un clip très chaud plein de « pum pum », s’être entouré de muses comme Samia Farrah, et surtout d’une comptable-manageuse-femme d’affaire à l’expérience aussi affutée que n’était sulfureux ses anciens ébats dans le cinéma X et les maisons de passe…. Improbable et toujours en survie, le couple s’est séparé plusieurs fois, et elle regrettait souvent qu’il ne se laisse aller en coulisses à taquiner du goulot, avant d’emballer la gente féminine présente à ce moment-là : A Lyon il y a une dizaine d'années, il embarqua même avec lui deux poufs qui lui ont fait croire qu’elle étaient choristes. Pas de problème, le lendemain, il les exhibait sur scène, à Marseille, dans une tenue des plus légères, en les affublant de surnoms comme « monkeys » (singes), ce qui n’a fait réflechir personne. En effet, si la moquerie était gratuite et ressemblait à une supercherie de plus, ce choix délibéré de critiquer ce que l’on voit sur toutes les chaines de Télé avec leur R&B soyeux, sensuel et machiste était novateur, et donc voué à l’incompréhension...

Il a fallu un n-ième retour sur les routes europénnes dans la peau d’un shaman usé et essouflé, et la commémoration du Trentième anniversaire de la mort de Bob Marley, pour qu’il se regarde enfin dans un miroir et tire un trait sur ce passé de fouteur de merde. Son message aujourd’hui est simple, « souriez, c’est la seule façon de gagner la lutte contre Babylon ». On comprend alors rapidement la nature de ses plaisanteries exacerbées quand il nous lance avec le sourire que la joie est le seul pare feu à la violence : Lee Perry a donc fait le clown pendant tout ce temps, dans l’unique but de nous sauver, et sauver par là même sa chaotique fin de carrière…

Les candidats pour accompagner Lee sur scène à chaque tournée sont toujours différents, ne savant pas sur quel pied ils danseront, et doivent se retrouver à chaque fois dans des conditions optimum pour que cela fonctionne. Prenons un exemple : Imaginez-vous dans la peau d’un ingénieur du son, devant sonoriser le spectacle de Lee Perry, fàce au MEILLEUR des ingénieurs du son Reggae. On peut croire à une liesse verbale, point s’en faut, juste un regard lointain et le fauve disparaîtra... Difficile dans ces cas-là d'être confiant dans ses tournées, même si le vieux bonhomme n'a plus rien à prouver ! Cette année, un autre fauve, Dennis Bovell devait retrouver l’équipe du Charmax band, ce groupe qui s'est fait connaître avec Max Roméo (et qui porte le nom de son label), rehaussé d’un très bon guitariste français, Hughes, à l’origine du dernier enregistrement studio de Sugar Minott "Leave out of Babylon.

Avec seulement deux jours de répétition à Londres, la tournée n'a pas démarré de façon caustique ou détendue, mais de façon très aléatoire. Les deux premières dates n'avaient pas ce peps indispensable pour que Lee Perry puisse parfaire son message, maintenant sans lutins démoniaques qui l'incitent à éxagérer ses propos, mais avec toujours la volonté de montrer une certaine distance avec la Société, hilard dans ce monde de brutes !… Sa femme n’étant pas là, il conserve une garde féminine rapprochée avec sa fille à ses cotés. Simple et droit, il ne parle jamais beaucoup, et rentre directement à l’hotel à la fin de son show. On ne saura donc pas sa réaction quand un miracle a fait venir en lieu et place de Bovell, un ange gardien à la main d’acier, en la personne de Black Steel, guitariste mais ici bassiste, pour remonter la pente tout shuss, et prendre le tire fesse dans l’autre sens !

Cette année étant un cru très marley-isant, Lee Perry était aux premières loges pour effectuer un grand coup de balai dans la production de Tuff Gong : Un "Crazy Balhead" moins affuté que la "Small Axe", un "Sun is shining" moins brillant que "Duppy conqueror", le rite s’achèvera finalement avec "Curly locks", avant de prendre le virage de ses productions post-black ark, et sans y revenir... sauf en avignon, où il s'essaiera sur "War ina Babylon" pour la première fois en live. L'interprétation hasardeuse de ce refrain méga connu de Max Roméo, chanté faux par celui qui l'a enregistré, est le résumé même de tout le show : Après avoir tenté de recopier de très mauvaise façon le titre, il partira ensuite dans une impro bien sentie, où ses remarques et rimes claqueront sur les cordes de Black Steel avec une efficacité implacable...



On peut croire que personne n'irait voir une nouvelle fois ce témoin usé de l’Histoire, mais la salle en ce Lundi 21 Fevrier était pleine, les passagers du zinc ont communié avec la pèche de son dévot et jusqu’à la fin, car la banane brillait dans les regards : Le singe nous a donc encore appris quelquechose sur la Vie. The monkey speaks his mind… X-Ray.

Lee Perry & the Charmax Band en Avignon ce Lundi 21 Fevrier (merci à la salle les passagers du Zinc et à Finger, l'ingé-son ! ! )




Lee Perry & Adrian Sherwood - The mighty upsetter (2010, On-u sound) et sa version dub (DUB SETTER) en import japonais jusqu'à sa sortie toute récente sur le label de Sherwood, en vinyl et cd, pour célebrer l'anniversaire d'On-U Sound !! Avec aussi, Mad Alien Dub (2010, fake album)...