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mercredi 30 janvier 2013

DUB POETRY STORY

J'ai essayé d'en faire rapidement le tour en deux émissions, mais ce genre sous estimé dans le Reggae vaut bien que l'on s'y attache un peu plus, tant il est riche, anti-conformiste, puissant, et même révolutionnaire et avant-gardiste ! History, Mistery, Prohecy, ouvrez les pages de ce livre mystique ! Vous pouvez également suivre musicalement les détails et infos qui vont suivre en écoutant l'émission : 
(Attachement to the Radio Show on Mixcloud and following the musical program to make the people know all about Dub Poetry, un under-rated style of Reggae). 
Alors, c'est quoi ce style? Celà a un lien avec le Dub, mais c'est chanté, clamé. En deux mots, de la Poésie dite sur fond de musique instrumentale Reggae. Pourtant dans mon générique, apparait la voix d'un poète noir américain, sur du Dub, mais sans le patois jamaïcain, celà n'est pas tout à fait celà... Une définition dans le Dictionnaire "Rastafari and Reggae" indique "une nouvelle forme poétique combinant les rythmes du langage parlé en patwa en Jamaïque avec ceux du Reggae", Jérémie Kroubo Dagnini cite un style syncrétique et une définition plus précise de Christian Habekost : Un brassage distinctif entre la réthorique révolutionnaire du Black Power, l'imagerie Rasta fondée sur l'Ancien Testament et le langage du ghetto, forgé dans des chaines de mots qui riment furieusement et embrasé par des rythmiques de Reggae explosives !.
Initié à la fin des années 70 par des artistes Jamaïcains comme Oku Onuora et Mutabaruka, le terme est pourtant de LKJ, grand Dub Poet anglais, et rassemble aujourd'hui des artistes poètes qui délivrent un message assez revendicatif, socialement et politiquement appuyé, et ont enregistré leur poèmes en chansons, certains avec l'aide d'un noyau de musiciens connus sous le nom des High Times Players. Créé par Earl Chinna Smith, ils seront bien plus tard applaudis en France dans le combo Inna De Yard: Quand la plupart des musiciens du Soul Syndicate ont fui leur île pour la Californie à la toute fin des années 70, Chinna a ouvert sa boutique de disques à Kingston et fondé ce nouveau noyau rythmique autour de Christopher Meredith, et Benbow Creary. Il y rencontre Mutabaruka (qui veut dire "Toujours vainqueur") lors d'un concert de Jimmy Cliff et enregistre ses premiers titres au studio Tuff Gong de Bob Marley . Une version Dub assez rare et souvent mal pressée de l'album Check It (que l'on écoute en intro - (0) sera mixé par Scientist, et selon son propre témoignage, c'est vraiment pour lui le meilleur groupe avec qui faire du Dub ! Tonight !...

Et pour Mutabaruka, c'est la meilleure façon de faire passer son message :  "J'ai appris que le stylo est souvent plus puissant que l'épée, et que les gens pouvaient ecrire pour te pousser à penser : C'est mon travail, t'aider à penser" confie t-il à David Katz. "Quand tu lis mes poèmes, ça t'oblige à trouver des solutions à tes problèmes. Je ne peux pas te garantir détenir les solutions à tous tes problèmes, mais je peux t'aider à y penser, et à te motiver à trouver une solution conscructive...".
 Le premier exemple clamé par Mutabaruka "Every time I hear the Sound" (1) contient toute le puissance de ce style, une voix qui déchire le Dub et nous entraine loin, même quand il n'y a plus de musique ! Le texte décrit en de courtes rimes l'atmosphère sonore d'une communauté au coeur du ghetto, ses rixes et ses ragots, et certains qui préfèrent le Disco au Nyabinghi! "Comb your head, Nasty dread, drum and bass have no taste"...
Ce premier enregistrement vocal de ce poète qui ecrivait jusque là dans les colonnes du Reggae Swing (plus d'infos sur sa bio dans le Jamaica gleaner ici) a été très vite distribué aux Etats-Unis gràce à un label orienté blues, Alligator, avec aussi des compilations sur ce genre toujours orchestré par le même groupe... Mutabaruka a ensuite signé chez Shanachie, avec surtout Outcry en 1984, d'où est tiré "Any means necessary"(2), et toujours enregistré à Tuff Gong, et moins d'une dizaine d'albums originaux, avec les textes souvent inclus, et qui nous aident à suivre ses commentaires virulants sur Noël ("Postpone Christmas"(3), ou la vie de son ami Johnny Drughead en 83 (4): Les mots sonnent et claquent avec les guitares, le rythme martèle et résonne dans ce tempo lourd et cette ambiance électrique. Sur scène, Mutabaruka est comme un shaman, toujours pieds nus et avec une mèche blanche au coeur de ses locks... L'entendre à l'Espace Julien de Marseille reprendre une de ces plus fortes chansons (non inclue ici) Witeman Country nous avait scotché ... Mais cette chanson n'est en aucun cas bercé de propos racistes anti-blancs, il décrit seulement le Destin de ces immigrants jamaïcains s'établissant à Londres au début des années 60... Un porte claque, le mystique s'installe... 
Après quelques remarques au micro masquant mon fou rire en studio, on écoute un autre artiste de Dub Poetry, Michael Smith, tout d'abord en mashup - (5) avec un violon, encore un instrument rare dans le Reggae !) Issu de la Jamaican School of Drama, il a connu une trop courte carrière et finit lapidé dans les rues de Kingston, à lire ici pour en avoir plus (en Anglais seulement). Son album Words est introuvable, il a fait avant un maxi avec des percussionnistes (qui peuvent être le Light of Saba ou les Mystic Revelation of Rastafari), puis a été produit et distribué par LKJ avec le LP Mi Cyan Belive it. On écoute Long Time (6)...

verso du double live us press
Unique témoignage daté de 82, avec Dennis Bovell et certains musiciens de Aswad, mais aussi Rico Rodriguez. Et toujours les textes cette fois-ci au verso, dans leur patwa à déchiffrer... Il a pu faire sensation en Live, à Cuba et en France au début des années 80, ou durant les sessions radio de John Peel à Londres, avant sa fin tragique et expliqué sur ce blog en lien (avec le téléchargement de ces deux albums ici). On s'étendra moins longuement sur le parcours plus connu de LKJ, avec un premier album sous un autre nom, Poet and the Roots, puis le triptyque Bass Culture, Forces of Victory, et Making History. Inclus ici Want fi Go Rave, premier brulot de son album de 1979, le Dub de Black Petty Booshwa (les jolis bourgeois !) l'année d'après ou en Live Independant intavensha avec sa liste de sigles qui contrôlent le système... et du Dub live avec le Band de Dennis Bovell, qui a capté l'essence rythmique des paroles engagées de LKJ, pour les accompagner de Dubs cinglants et poussés par des cuivres la plupart du temps...

Posés par de sublimes cuivres lui aussi, on découvre à présent une autre voix dans la Dub Poetry, la plus centrale peut-être dans ce mouvement : Bust out est extrait du second vrai et dernier album de Oku onuora, si on enlève les différentes expérimentation de l'homme avec le Dub et diverses sorties éparses et confidentielles, comme Jerusalem Dub, Dubbing away, King Tubby and the Dub, I Dubwise, and otherwise édités entre autres par ROIR.  Peu de choses circulent sur ce Robin des Bois du Reggae, arrêté au milieu des années 70 pour l'attaque d'un bureau de poste, afin de financer son centre social éducatif dans le ghetto. Même en prison, Oku récite ses textes en invitant The Light of Saba à jouer derrière lui. Lorsque les deux partis rivaux organisent le One Love Peace Concert, Oku s'en inspire et ecrit Reflections in Red, une des premières chansons enregistrés au Tuff Gong Studio, qui venait d'ouvrir.
Malgré l'appui d'un label Français (en l'occurence Blue Moon de la célèbre échoppe parisienne), ce genre a été balayé par le Dancehall et la Culture matérialiste qui s'en dégage. LKJ seul a conservé une certaine notoriété, mais sans avoir été bien actif faut-il le préciser ! Beaucoup se demandent pourquoi ses albums se font si rares et ce que fait l'homme aujourd'hui, c'est vrai qu'il a annoncé plusieurs fois son retrait du business, certains le disent paranoïaque, malgré quelques dates en France l'année dernière avec toujours Dennis Bovell, son fidèle compositeur...  
On se rappelle encore pourtant de l'énergie et la fraicheur qu'il avait apporté à une résidence à la Friche de la Belle de Mai, ici à coté de la chanteuse de Gang Jah Mind et du chanteur de SuperKémia, Tony Tonda !
 
Revenons à la sélection vinyl avec le passage de cette compilation Zulu, un très bel objet et exemple de contre culture, un morceau zombie qui agit dans la plus grande simplicité. Ras Sam Brown est lui un vieux sage politique (un tant candidat au poste de premier ministre) jamaïcain, auteur de nombreux textes et pamphlets qu'on a pu trouver en disque dans les années 90. L'intervention vocale de Yassus Afari dans un pure morceau de Dub Syndicate, "Ruff and tuff" est extrait de Bed and Roses, et pour caler enfin un autre mashup maison homemade, pour coller du son à un des plus beaux textes de Dub Poets connus :
Dis Poem à capella, il a ensuite servi la house de Bobby Konders quand il a été remixé...  mais j'ai préféré le reprendre sur un mode définitivement plus roots, dans ce remix spécial avec un instrumental de Sly and Roobie.
Mutabaruka - Dis poem mashup (roots remix by docteur x-ray)

Lourd et ténébreux comme la Dub Poetry on finit avec un pressage du label Acid Jazz de "One Tribe" de Benjamin Zephaniah, mais on en saura un peu plus dans la deuxième partie... définitivement plus féminine, plus positive aussi  !


DUB POETRY STORY PART II
On reprend les choses comme l'on a commencé la première heure de Dub Poetry, avec des mashups (et un essai en intro sur un terrible Dub du marseillais Shan a Shan , et des raretés, ici la fille (?) d'Oku Onuora qui réactualise Beat your drums, et Cedric Brooks and the Light of Saba qui transcende Outcry, dans un vinyl ré-édité il y a peu... Oku Onuora a donc peu de disques à son actif et même si la sortie de Pressure Drop a fait parler de lui dans l'héxagone, on ne sait pas grand chose de sa carrière. On se régale avec des versions Dubs trouvés au hasard des labels qui le distribueront. Elle a commencé pendant le One Love Peace Concert, avec Reflections in red, un texte résumant l'action des deux partis rivaux de JA, et ne s'est jamais sousmise au system qu'ils défendent. 
La jeune génération a suivi de façon consencieuse les enseignements des Dub Poets, mais sans connaître le succés. Plus facile en mode DJ, avec le style de Macka B, on repère dans les années 90 et 2000 Joseph Cotton (avec Want some money puis No touch the style), Panache Culture, Levi Tafari, ou Afrikan Simba, ici un extrait d'un album qu'il a auto-produit, sur Ayamba records, Salvation for the new generation.
vinyl de Queen Majeeda (heartbeat)

verso du lp de Jean Binta Breeze

Un pressage canadien assez rare

Une compil sur le genre au féminin...
Mais ce sont les femmes qui se sont glissés le plus facilement dans la peau des Dub Poets, ce qui peut surprendre. Le premier exemple nous vient avec Queen Majeeda, toujours enregistré à tuff Gong, Gye name est le premier de dix titres digitaux où ressortent une grande maîtrise du verbe. Pareil pour Jean Binta breeze, collègue de classe avec Michaël Smith & Oku Onuora, qui a sorti elle aussi un album sur LKJ records, Tracks, mais pas avec ce titre plus inédit, produit parMutabaruka, Get Back, avec l'intro d'un DJ anonyme ! (). A 56 ans aujourd'hui, elle vit en Jamaïque et continue d'écrire mais a arrété de faire des enregistrements de ses poèmes, dommage !...
Plus confidentiel, et assez dur à trouver, Lillian Allen a enregistré ce Revolutionary Tea Party en 1986... à Ontario au Canada. L'intro a capella tranche avec le flow rub a Dub du début, et l'atmoshère y est irréelle, avec des effets de voix et de riffs très punks... Elle est toujours active aujourd'hui, au sein d'un collectif de poètes, Dub Poets Collective. Plus loin, vous entendrez aussi une grande dame, Louise Benett, dans une joute vocale avec LKJ sur un disque live pressé sur le label Island !

Un autre grand personnage qu'il ne faut pas omettre dans la Dub Poetry est Benjamin Zephaniah, et ce Rasta va vous pousser à rechercher ses autres titres tout aussi rares Ce premier jet sent la colocation, le squatt, l'anticonformisme et le militantisme... Il date de 1989.

Un extrait d'un texte au dos de la pochette : "All song inspired by herbs  , Give thanks to Jah, Give the youth a future, The struggle continues... Les allbums de Benjamin Zephaniah ne seront pas tous bien produit ni distribués, mais je ne saurai vous conseiller que de trouver le dernier sorti en 2004, et que j'ai pu trouver cinq après dans une sublime version digipack! En fin d'émission, vous retrouverez "Everybody have a Gun" (28) sur la prolifération des armes tiré (sans jeu de mots) de Us and them. Un peu partout mais surtout en Angleterre, se regroupent des activistes, comme ceux de R.A.P.P, qui signifie Radical Alliance of Poets and Players. Avec des militants comme Archie Pool, et certains musiciens d'Aswad ou Clifton Morrison, les poètes éditent des textes, et se font font entendre, trop sporadiquement malheureusement.  La lecture de Psaulmes avec son ami Luciano aura plus d'écho dans les Hits parades, mais cette démocratisation a surement affaibli la force de la Dub Poetry qui est aujourd'hui un genre toujours à part, mis de coté et souvent ignoré par peur de représailles ! Jusqu'à récemment, Mutabaruka animait sur Irie f.m ses émissions Cutting Edge, on l'a vu autour de ceélebrations pour le 50ème anniversaire, il semble donc actif pour son île. Si certains recueils de poèmes ont vu le jour là-bas sur de petites maisons d'édition, soutenu par certains artistes, la Dub Poetry n'a pas profité de l'élan du Slam en Europe, ou du succés des Poetry Readings un peu partout aux Etats-Unis.
réédition de son album de 1989

Joseph Cotton ferme cette seconde sélection comme il l'a débuté, un big up pour ce DJ anglais qui avait démarré par "Want some money", avant de conclure par son "No Touch the Style" pour l'écurie Fashion en 1987 ! Engagé comme un véritable Mc lors de l'anniversaire du Soul Stereo à Paris, il a fait vibrer le public comme il sait. 
Un bonus avec Everybody have a Gun, de Benjamin Zephania, mais il faut aussi mettre la main sur Naked, avec des illustration de Banksy !
Si l'émission s'est fini là en ce qui concerne le direct, elle continue que pour vous avec deux petits bonus, tout d'abord un Dub issu d'un terrible cd qui s'appelle Word Sound and Power, vocal et dub sur le cd distribué à l'époque par Hearbeat. Et bien sur un dernier Mashup de Tchoi Mc du Lacydon, avec Sir Collins et la voix de LKJ !
Cette sélection a comme intêret de vous avoir fait découvrir un des style de Reggae le plus compliqué à cerner, avec musicalement des envolées plus jazzy, à la limite du free parfois, et des paroles engagées et souvent dépourvus de lyricisme et louanges répétés à Jah, la ganja et donc elles aussi plus compliqués à comprendre... Alors à vos crayons, déposez le glaive et repartons en croisade pour retrouver les quelques enregistrements encore disponibles... Perso le maxi de Michaël Smith 4 titres enregsitré à Cuba avec les Mystic Revelation of Rastafari, qui a du s'écouler à quelques centaines d'exemplaires il y a plus de trente ans, je suis preneur...
0) High Times Players - Naw Dub (Ckeck it in Dub)
1) Mutabaruka - Everytime I hear the sound (Check it)
2) Mutabaruka - Any means necessary (outcry)
3) Mutabaruka - Postpone Christmas (
4) Mutabaruka - Johnny Drughead (
5) LACYDON MASHUP
6) Michaël Smith - Long Time (Mi Cyan beleive it)
7) Oku Onuora - Bust out
8) Oku Onuora - Pressure Dub
9) Levy Tafari Liverpool Experience
10) Ras Sam Brown - Peace
11) Dub Syndicate - Ruff and tuff
12) Benjamin Zephaniah - One Tribe
13) SHAN A SHAN dub - X-Ray Mashup
14) Shaka Onuora - Beat your drums
15) The Light of Saba - Outcry
16) Oku Onuora - Dread Times
17) Oku Onuora - Dread dub
18) Joseph Cotton - Want some money
19) Afrikan Simba -Love you Bad
20) Queen Majeeda - Gya name
21) Jean Binta breeze - Get back 
22) Lillian Allen - Revolutionary Dub Party
23) Benjamin Zephaniah -Rasta
24) R.A.P.P. - Wicked People
25) Louise Bennett - with LKJ : Coconut Tree
26) Luciano and Mutabaruka - Psalms 24
27) Joseph Cotton - No touch the style
28) Benjamin Zephaniah - Everybody have a gun
29) Further bonus...

... you can ask for a tape or a ddl !