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jeudi 6 juillet 2017

Force NOIRE !


 Vingt ans après sa venue dans cette même salle de l'Espace Julien – une production Bernard Mokett, les jeunes ne peuvent pas connaître ! - il était urgent d'aller revoir ce héros de la musique jamaïcaine avant qu'il ne tire sa révérence. Après des tournées incessantes, on le pensait usé et assagi, au vu des images du début de tournée où il reprenait son tube ska « Monkey man » de manière assez lente et plus Reggae dans le style... Le Public marseillais avait répondu présent en masse ( bonne surprise!) et la clim (enfin!) de l'Espace était là pour empêcher les évanouissements fréquents dans ce type de concert-messe où le prédicateur peut emmener la foule dans des rythmes pogo-isants de plus en plus rapides ! Pourtant le chanteur est arrivé nonchalamment avec sa guitare et a débuté son set par un « Get up stand up » touchant mais pas vindicatif. Les morceaux ska et reggae se sont enchaînés sans retenue, mais souvent avec un manque de spontanéité, et avec un rendu finalement assez brouillon et décousu. Les Maytals sont pourtant là, enfin je parle des musiciens car originellement les Maytals étaient les deux choristes de ce tout premier trio vocal originel jamaïcain. Jackie Jackson, le batteur et le guitariste le suivent depuis 50 ans et n'ont pas l'air de s'abandonner à la facilité, mais au contraire d'en découdre face à l'homme orchestre, qui d'un poing levé fait basculer le morceau dans un tout autre style. Comme par l'exemple l'intro de « Take me home to country Roads » son morceau country qui démarre par une pure intro de pur funk ! De quoi se perdre corps et âme dans la longue carrière de Toots, avec des morceaux qui durent cinq fois plus longtemps que les originaux, et une voix qui ne suit pas franchement les paroles, préférant haranguer la foule de ses appels « Soul » du plus bel effet. Osant une comparaison assez risquée, je dirai que c'est un peu comme quand on discute de quelqu'un avec une personne agée et qu'au bout d'un long moment, on se rend compte que l'interlocuteur ne parle pas du tout de la personne concernée ! Mais cela n'enlève rien à sa superbe prestation : Fini le grand écart et les sauts de singe, il préfère aujourd'hui suivre de sa guitare les accords de tous les classiques qu'il a écrit - Bam Bam, Funky Kingston, Never get Weary, Monkey man (très rapide cette fois) pour finir bien sur avec le chef d'oeuvre « 54-46 was my number ». Impossible de rester statique, la fièvre est encore là, même si le prêcheur a moins d'aura que dans le passé. Paré de son costume de scène digne d'un « Transformer », cette « Force Noire » impose le respect. Ses imperfections n'ont-elles pas été redondantes dans toute sa carrière, avec des rendez-vous ratés et des décisions pas toutes productives ? Dès le début, les Maytals explosent et se vendent très bien en Angleterre,mais sous un autre nom, les Vikings. Quand la mode ska a laissé la place au Rock Steady, Toots passe par la case prison et rate le coche. Quand le Roi du Reggae meurt, il ne prend pas le flambeau, pourtant bien placé chez l'écurie Island, et à l'inverse des Black Uhuru et de Burning Spear s'arrête de composer et part se battre contre les labels qui l'ont escroqué. Peine perdue. Dans les années 2000 enfin, il obtient un Grammy pour les reprises de ses tubes avec des Rockeurs, le très bon « True Love » qui laisse une porte ouverte pour la conception d'un nouvel opus soigné et bien produit, que l'on a pas fini d'attendre. Sa modestie et sa simplicité l'aura sauvé du star system et l'absence du paiement de ses royalties l'a poussé à défendre ses titres sur scène pendant toutes ses années. 
Finalement, son passage sur terre restera légendaire et dans nos mémoires, comme dans celle de ce millier de témoins présent hier soir et qui étaient venus en fait principalement pour cela : Voir la légende vivante du Reggae sur scène !

Docteur X-RAY
A bientôt, toujours à la radio et à nouveau sur ce blog, un "big up" et grand bravo à la publicité ci contre !  Ils ont tout compris...